Quand j'ai appris que nous allions avoir une petite fille, j'ai été très heureuse et rassurée.
Seulement voilà, en névrosée en cours de traitement que je suis, je me pose des questions sur l'éducation de ma petite fille. Vous me direz, c'est peut-être un peu tôt? Peut-être, effectivement, mais je ne contrôle pas trop mes pensées en ce moment.
Mon inquiétude première, c'est le développement de sa féminité. Non on ne rigole pas, c'est très sérieux. Pendant très longtemps, j'ai mis sur le dos de ma maman le fait que je n'étais pas une "vraie" fille. C'est quoi une "vraie" fille? C'est une fille qui adore parler de fringues, qui passe du temps au tel avec ses copines pour parler de tout et de rien, voir souvent de rien. Une vraie fille ça adore aussi faire les boutiques etc...
Moi, j'ai des amis, mais pas de véritables amies filles. Je déteste parler fringues, je ne suis pas la mode et je déteste téléphoner!
C'est par pour autant que je ne suis pas féminine, je le suis dans une certaine mesure. Mais j'avoue préférer papoter avec des mecs qu'avec des filles...
Bref, ma maman ayant mis de coté sa féminité au profit de son rôle de maman, je me suis toujours dit que j'étais comme elle. Le problème c'est que j'aimerais des fois être un peu plus "normale", car cette attitude de bonne copine m'a valu quelques problèmes avec certaines des copines de mes amis. J'ai souvenir d'une soirée organisée chez mon meilleur ami où je me suis retrouvée entourée de tous les mecs de la soirée à parler voiture et ski et à déconner pendant que les filles étaient au salon à parler bébé, mariage... Autant vous dire que mon attitude a dérangé... :o))
Ma crainte est de reproduire ce schéma avec ma fille. J'en ai parlé avec ma psy et je suis maintenant un peu rassurée. Son avis sur ce point est que la féminité n'est pas transmise par la mère, mais par le père et l'image que le père a de la féminité et de la femme. Pour elle, ma maman (qui était très coquette lorsque était jeune), s'est transformée sous le regard de mon père, et pour ma part, je me suis construite par le regard de mon père.
Me voilà rassurée sur ce point, si c'est pas une "vraie" fille, ce sera à cause de son père ;o)) J'ai dit ça à Moncoeur...il était ravis! :o)))
Bon, il y a une autre chose à prendre en compte, c'est la personnalité de ma puce. Elle se construit aussi avec ce qu'elle est et ce qu'elle veut... Peut-être aura-t-elle du mal à accepter sa féminité.
Attention, ne vous méprenez pas, le faite d'avoir peur que ma fille ne soit pas une "vraie" fille, n'a absolument rien à voir avec l'homosexualité. Si elle vient un jour à nous annoncer qu'elle préfère les femmes, je ne la rejetterai pas. Par contre je serai certainement très inquiète pour elle, car je sais que même à notre époque, ce n'est pas facile et qu'elle devra se battre toute sa vie contre les mentalités, juste pour être elle!
J'en viens au dernier point qui me chagrine dans l'éducation de ma fille, c'est cette projection qu'inévitablement nous faisons sur nos enfants, dans le cadre de l'éducation. Bah oui, ne nous le cachons pas, nous éduquons nos enfants en nous basant sur nos propres expériences.
J'ai peur là aussi de plus me projeter parce que c'est une fille, que si ça avait été un garçon. Bah oui c'est quand même plus facile de s'identifier (inconsciemment) à une personne du même sexe non?
Mais ce qui m'a paru important pendant mon enfance, ce qui a pu me blesser ou me manquer, sont propre à moi et à ma personnalité. Il est possible que ma fille réagisse autrement. Du coup je flippe à l'idée de mal faire, de donner de l'importance à des choses dont ma fille se fichera éperdument! Comme quand j'étais petite et que ma mère (qui allait voler des rutabagas dans le jardin des voisins pour manger quand elle était petite) mettait un point d'honneur à nous donner de la viande quasiment à tous les repas, et qui se fichait pas mal de nos envies de fringues, de mes complexes sur mes oreilles etc...
Serai-je la même mère??? Je me rassure, parce que j'ai conscience de ces erreurs possibles, et je serai certainement plus vigilante sur ces points et certainement plus à l'écoute de ma fille et de ses vrais besoins.
Ce que m'a apporté la PMA? Et bien tout! C'est dur à dire mais surtout à entendre, mais je pense que je serai une mère plus sereine et plus préparée. Pas une meilleur mère... quoique....
Pourquoi? Et bien si j'ai pu faire ce travail sur moi, c'est suite à ma première FC. Les mois d'attente m'ont permis de me recontruire, de lever le voile sur certaines blessures. De mieux comprendre mon fonctionnement. Je réussi maintenant à prendre du recul sur certaines situations, je comprends mieux certaines attitudes, et ce recul, cette conscience, vont me permettre de ne pas reproduire certaines choses qui semblent poursuivre les femmes de ma famille. Je ne serai pas une mère parfaite, je ne veux pas l'être d'ailleurs, car d'une part cela n'existe pas et d'autre part je sais maintenant que l'on se construit sur des imperfections, sur des blessures.
Mes souffrances, mes peines, mes combats m'ont fait grandir. Je ne souhaite pas à ma fille les mêmes souffrances, juste peut-être de savoir se battre, et de gagner le plus souvent possible. J'aimerai qu'elle ait cette force.
Je finirai par une chanson de JJ Goldman qui dit :
Qu'elle aime aussi ses inquiétudes
C'est une qualité que j'ai
Sans fausse modestie aucune
Une que je voudrais qu'elle ait
Qu'elle me ressemble en solitude
Qu'elle apprenne peu à peu
Les autres seront sont étude
Qu'elle soit seule pour qu'elle aime mieux
On voudrait bien qu'ils soient à notre image
On voudrait bien qu'il soit un autre soi
Que ça continue même après la page
Mais qu'elle soit elle
Et le mieux qu'elle pourra
Cette chanson est sur l'album entre gris clair et gris foncé, album cultissime pour moi et qui m'a beaucoup touchée quand j'étais ado.
Je comptais arrêter cet article ici, mais ma petite fille gigote beaucoup pendant que j'écris cet article. Et du coup j'ai envie de rajouter une chose. J'ai remarqué que ma fille réagissait presque systématiquement lorsque j'étais émue, énervée ou stressée. Dans ces cas là elle gigote, et là, comme par miracle tout disparaît, plus rien n'a d'importance, il ne reste qu'elle et le bonheur de bientôt la voir. Bref, ma fille s'occupe de moi, me ramène à l'essentiel! Elle va m'en apprendre des choses, je le sens!